Ce qu'il reste de l'été

Coucher de soleil @LaurenceHirsch

Les restes du jour s’éteignent sur le pan de la colline. Un pique-nique a été dressé quelques heures avant sur une vieille couverture à fleurs. Les bouteilles à vin, vides, sont renversées. Les verres en plastique à moitié plein sont posés à côté des corps allongés sous un saule. De l’arbre, pendent des branches lascives qui cachent les visages. Ses feuilles petites, et fournies comme un pelage, caressent les peaux sombres de leurs mains.
 L’été est chaud. Les robes sont légères, les pantalons courts, les jambes nues. Les pieds sans sandales. 
L’air est épais, tiède. Bon. L’air circule lentement sans bruit entre les corps. Le soleil meurt sur la colline comme le chant du cygne. Une boule de feu d’un orange fluorescent avalée par l’horizon. 
Des perdrix noires tournoient dans le ciel descendu sur terre. Les couleurs du champ ont perdu tout éclat. Rien n’a plus de nuance. Le ciel embrasse la terre qui exhale une odeur de thym sauvage. Le ciel fusionne avec la terre. La lune blanche point dans la nuit profonde. 
Le paysage de colline se dessine en silhouette courbe. Un cercle de brume vient d’un peu plus bas, près du lac. Il s’élève rapidement vers les hauteurs comme un souffle de géant. La terre apparait autrement. Elle transparait à travers ses odeurs et ses sons. Elle inspire, expire un courant frais à sa surface. Elle transpire sa rosée et les jambes endormies se croisent et les bras s’enlacent pour ne pas avoir trop froid.



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