Peuplesse de la terre, unissons-nous !

Ca arrive souvent à la fin du repas. 

On dérive comme si la chaloupe était mal amarrée. 

Ca dérive. Avec l’alcool tout dérive, se floute, se brouille. Les frontières s’effacent de nos cartes mentales au moment où vient la nausée. 

Ca commence par une blague grasse, épaisse qui caricature à souhait et qui termine par toutes les mêmes et qu’on t’aurait mis la main au cul, ca ferait pareil, ça crierait pareil. 

Ils disent et n’écoutent jamais ce que d’autres ont à dire. 

Ils prennent la parole, comme si tout le monde partageait une seule vérité, la leur. 

Il n’y a pas d’autres espaces que le lieu qu’ils occupent. Leur cul à demi levé de la chaise pour venir trinquer avec les autres mâles dans ce rire gras qui vient, huileux, se répandre dans l’ambiance jaunâtre d’un salon, d’un pub, d’un carré, d’un café. Eux se répondent par des oeillades universelles qui viennent s’ajouter à leur rire. 

Leur voix est si forte qu’ils effacent la voix des autres. 

Tu leur réponds mais même toi ne t’entends pas. 

Que disent-ils à présent ? Ah ben oui le fric, oui le fric, elles n’aiment que ça. Elles ne pensent qu’à ça. On se fait tous à voir. Grognasses. Putes, salopes. Ah les salopes, quelles salopesCa aussi tu sais qu’ils vont le dire. Quand ? Cela n’a pas tant d’importance. Il suffit d’attendre et ils le diront. Leur discours n’a pas besoin d’être articulé. Ils se font bien comprendre. Ce martèlement depuis la tendre enfance. Et si tu ne ris pas. T’es chiante. Mais je rigole, ils ajoutent. Mais je rigole, ouais tu parles, je rigole ? C’est ça, je rigole. En général, ils ajoutent Toi la grosse, t’es mal lunée aujourd’hui, c’est les Anglais qui débarquent, hein c’est ça ? (Ça aussi tu l’attendais). Quoi d’autres ? Ah bien sûr, le « elles aiment ça » qu’on soit virile, qu’on les prenne sans crier gare. On va quand même pas leur demander leur avis ? En plus, t’as vu comment, elle est sapée ? Si c’est pas pour baiser, c’est pas non plus pour faire le ménage, la cuisine ou prier sinon qu’elle mette un habit de nonne ! Toutes les mêmes j’vous dis. Toutes les mêmes. C’est même écrit dans les comptines. Janeton prend sa faussile pour aller couper le jonc. En chemin elle rencontre quatre et jeunes et beaux garçons, le premier un peu timide la coucha sur le gazon… Alors ? Hein ? Si ça, ça confirme pas ! 

Les sujets s'enchaînent sans que rien ne puissent les arrêter et finissent aussi avec ça... Et en plus elles veulent le pouvoir. T’as vu l’écriture inclusive ? Et la féminisation des noms. Quelle laideur. Ecrivaine, Mairesse… Ridicule ! 

L'écriture, la langue justement est celle qui ouvre des horizons, qui enferment... C’est une langue d’appartenance, qui comptent quelques initiés. Des milliards sur terre. C’est une langue d’épée forgée dans le fer, une langue de force qu’il faut faire plier. 

Peuplesse de la terre, unissons-nous ! 


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