Embellies prochaines - Extrait

Embellies prochaines


Les femmes nues, ensoleillées attendent le regard de l’homme viril sur leur peau luisante. 
Elles attendent que le temps se prenne de pitié pour leur sort – les femmes passives, lascives, leur corps jeté dans l’oubli des regards, les femmes à la peau voluptueusement fripée, au corps abîmé par les mains mâles. Le désespoir nait de leur peau fragile.
Elles attendent, lasses de cette vaine attente. Ce vide traînant lourdement comme des savates gorgées de poussière traîneraient sur un sol carrelé de tomettes rouges.
Elles attendent l’embellie prochaine, l’aube dévoilant un espoir. 
Les femmes se jettent alors dans la vie, comme elles jetteraient un déchet à la poubelle. 
La force surgit dans la pénombre d’une relation – la force qu’elles ont de laisser sortir la vie.
La fadeur les rend belles, leurs bas de nylon délivrant les jambes. Bas de nylon crevés sur leur jambe, à force d’être trop portés, d’avoir trop porté : l’enfant dans les bras parce qu’il ne sait pas marcher ; les bras du mari sur l’épaule parce qu’il est malade. 
Les femmes attendent que le deuil s’éloigne en sifflotant, assises sur leur banc de bois vermoulues ; les femmes au voile noir cachant une large moitié de leur visage. 

Les femmes attendent la fin du temps comme une délivrance, l’aubaine. 

@pixel2013

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