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embellie prochaine

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Maylis de Kerangal, Corniche Kennedy

septembre 25, 2014

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Les phrases sont tendus comme un fil sur lequel les personnages viennent jouer les équilibristes.

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La vie est un film dans lequel on n'a pas de rôle

La vie se déroule sous tes fenêtres. Des voitures passent et des gens marchent. On est le 11 juin quand tu prends la décision de descendre dans la rue. On enfile un manteau et c'est tout, on ouvre la porte, c'est tout ce qu'il y avait à faire, poser ta main sur la clenche, c'est tout, juste ça. Cela fait des mois qu'on y pense. On n'y était pas arrivé jusque là. On ne fait grincer aucune marche de l'escalier quand on entreprend de le descendre. On a mis un manteau, et pourtant il fait chaud, on est en juin. On as besoin d'un manteau comme s'il était une carapace. Le manteau est en gabardine noire. Il traine presque sur le sol. Il donne un air de corbeau. On est au mois de juin, on a besoin d’un manteau comme si on mettait sa cuirasse. Il y a quelque chose de gris dans l’atmosphère. Du trottoir au ciel. Tout est teint de gris. Comme si le monde était pris dans un nuage. Une grappe d’adolescents est adossée au mur...

Mikado

Mikado de Claire Berest. Je note pour m'en souvenir. J'aime les écrivains qui invente la littérature comme on invente sa vie. Livre et vivre ne font plus qu'un. Je bascule. Tout en moi bascule. De l'autre côté, sur l'autre rive, celle des poètes disparus - sans espoir mais pas sans ambition - les petits poètes en tout. Les artisans, ceux de l'ombre, ceux de la transparence, ceux du dérisoire...

Ce qu'il reste de l'été

Coucher de soleil @LaurenceHirsch Les restes du jour s’éteignent sur le pan de la colline. Un pique-nique a été dressé quelques heures avant sur une vieille couverture à fleurs. Les bouteilles à vin, vides, sont renversées. Les verres en plastique à moitié plein sont posés à côté des corps allongés sous un saule. De l’arbre, pendent des branches lascives qui cachent les visages. Ses feuilles petites, et fournies comme un pelage, caressent les peaux sombres de leurs mains. L’été est chaud. Les robes sont légères, les pantalons courts, les jambes nues. Les pieds sans sandales. L’air est épais, tiède. Bon. L’air circule lentement sans bruit entre les corps. Le soleil meurt sur la colline comme le chant du cygne. Une boule de feu d’un orange fluorescent avalée par l’horizon. Des perdrix noires tournoient dans le ciel descendu sur terre. Les couleurs du champ ont perdu tout éclat. Rien n’a plus de nuance. Le ciel embrasse la terre qui exhale une odeur de thym...

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LAURENCE HIRSCH